Ils ont aimé le café, on en parle encore
Napoléon Bonaparte aimait le café parce qu'il lui procurait, suivant ses propres dires, joies et douceurs. Lors de sa captivité à Sainte-Hélène, il écrit que toute sa vie, il a eu sept cafetières en permanence sur le feu : «
Le café fort me ressuscite, il me cause comme une cuisson, un rongement singulier, une douleur qui n'est pas sans plaisir
».
Il existe de nombreux proverbes et citations qui se nourrissent des bienfaits du café et nous éclairent sur la société : Honoré de Balzac selon qui «
le comptoir d'un café est le parlement du peuple
» en buvait trente tasses par jour, il l'achetait lui-même et réalisait seul son mélange. Il affirmait : «
le café est un torréfiant intérieur
» et consacra d'ailleurs une étude approfondie au produit et à ses effets sur l'homme.
Les frères Goncourt, à la lumière des évènements du 18ème siècle écrivaient : «
Les cafés ont un drapeau et l'on juge de l'opinion d'un homme à Paris par le café dont il est l'habitué
». Selon Paul Morand, diplomate français contemporain : «
par le thé, l'Orient pénètre dans les salons bourgeois ; par le café, il pénètre dans les cerveaux
». En effet, l'histoire du café en Europe est intimement liée à l'émergence des idées libérales, les débits de boisson étant lieu par excellence de rencontres et d'échanges.
L'épitaphe la plus amusante est sans doute celle d'Orson Welles, écrivain et cinéaste américain : «
Il y a 3 choses, dans la vie, que je ne supporte pas : le café brûlant, le champagne tiède et les femmes froides
».
Celle du torréfacteur Verlet est également très pertinente : « Thé et café donnent de l'esprit à ceux qui en ont et des insomnies à ceux qui n'en ont pas ».
Mais celle que nous connaissons tous et qui résonne parfois à nos oreilles lorsque les volutes de café pénètrent nos narines, est celle de Serge Gainsbourg : «
L'amour sans philosopher, c'est comme le café, très vite passé
».
Le café et la Littérature
Le café inspire nombre d'écrivains
comme Goldoni. Aussi estimé en Italie que le fut Molière en France, il était vénitien et donc imprégné de la culture caféière qui fleurit en cette ville au 18ème siècle. Il écrivit une pièce de théâtre « Bottega del Caffé », reflet ironique des moeurs de l'époque.
Voltaire est sans doute l'amateur de café le plus illustre
. Il en buvait d'énormes quantités... lui devait-il sa clairvoyance ? A son médecin qui le mettait en garde contre les effets nocifs d'un abus de café, le sage homme répondit : « S'il en est ainsi, voici quatre-vingts ans que j'essaie de m'empoisonner ». Les vertus du café sont présentes dans de nombreux ouvrages : « La Maison de Claudine » de Colette, « Le Voyage en Orient » de Gérard de Nerval, « Aziyadé » de Pierre Loti, « Voyage en Italie » d'Hippolyte Taine, et aussi « Une mémoire pour l'oubli » de Darwich.
Le café et la Peinture
Au 19ème siècle le café symbolise l'intimité familiale et le confort bourgeois
comme en témoigne les artistes de l'époque : « La Jeune Ménagère » de Boilly (vers 1800), « La Femme à la cafetière » de Cézanne (1890-1895), « Le Déjeuner dans l'atelier » de Manet (1868), ou encore « La Liseuse » de Matisse (1895). De même, Le Douanier Rousseau, Roger de La Fresnaye, Braque, Morandi et bien d'autres réalisent des natures mortes avec une cafetière.
Le café en Musique
Les musiciens sont également imprégnés des douces saveurs du café
. Bach compose la Cantate n°211, dite « Cantate du café sur un texte du poète Picander. Beethoven était un buveur de café très précis. Selon la légende, il comptait tout juste 60 fèves pour chaque tasse.
Quant à Rossini, la composition de ses opéras était intimement liée au café, même s'il n'en consommait que très peu : « Le café est une affaire de quinze ou vingt jours, le temps de faire un opéra ». Et pour Verdi comme pour bien d'autres encore aujourd'hui : « le café est le baume du coeur et de l'esprit ».