Expansion culturelle et politique du café
Le café n'est connu en dehors de l'Afrique qu'à partir du 15ème siècle
et n'arrive en Europe qu'avec la mode des turqueries. C'est au 17ème que des peintres représentent des portraits de femmes vêtues à l'orientale ou d'hommes costumés en turcs, avec en main une petite tasse en porcelaine.
Le premier établissement dit « café » ouvre ses portes en 1555 à Istanbul
, la ville en abritera plus de 500 à peine 50 ans plus tard. Les Européens se familiarisent avec le nectar au cours de leurs voyages en Orient comme le médecin Prospère Alpino qui en 1592 découvre en Egypte cette « boisson de couleur noire avec un goût semblable à la chicorée ».
Entre le 15ème et le 16ème siècle, le produit s'exporte en Europe
mais il ne s'agit que des grains puisque les sultans turcs faisaient contrôler tous les sacs avant exportation pour conserver le monopole de production. Tous les grains devaient être ébouillantés avant de quitter l'Arabie évitant ainsi toute germination et culture dans une autre région que l'Ethiopie ou le Yémen jusqu'au 17ème siècle.
En 1615 : Venise est la première ville d'Europe à accueillir un chargement de café vert
venant du Caire. Mais c'est à Vienne en 1645 qu'ouvre le premier établissement dit « café ». Sa consommation est d'abord le privilège de l'élite intellectuelle puis sera progressivement introduite dans les cours et dans les salons. En France, la première cargaison de café entre à Marseille en 1664 sur un navire en provenance d'Alexandrie. Mais
l'entrée officielle du café en France n'a lieu qu'en 1669
lorsqu'il fait son apparition à la cour de Louis XIV par l'intermédiaire de l'ambassadeur de Turquie : Soliman Aga.
Ce dernier lui offre du café lors d'une réception mais le roi ne l'apprécie guère et lui préfère le chocolat. Ce qui n'était pas le cas de Louis XV qui se plaisait à savourer un café cultivé en France. A partir de la maigre récolte des serres de Versailles, il torréfiait lui-même et préparait en personne sa précieuse boisson.
En réalité, la pénétration du café en Europe fut assez lente
: l'importation de ce produit exotique coûte cher aux gouvernements qui le taxent fortement pour en restreindre la consommation.
Longtemps considéré comme un produit de luxe
, il fait l'objet de contrebandes, puis se « démocratise » avec l'ouverture de nombreux établissements dits « cafés ».
En 1670, Berlin se dote de son premier débit de café et à la même époque, d'autres s'ouvrent à Londres, Marseille et Amsterdam.
A Paris, en 1686 le Procope, premier café-glacier ouvre ses portes
, il existe encore aujourd'hui. Le propriétaire en est alors l'italien Francesco Procopio Dei Coltelli. Il devient très vite le café du théâtre d'en face. Voltaire, Rousseau et Diderot sont de fidèles habitués et l'Encyclopédie naîtra sous ses lustres de cristal. Plus tard, pendant la Révolution, on y verra défiler Danton, Marat et Robespierre. Benjamin Franklin également y peaufinera la constitution américaine. Comme d'autres partout en Europe à son époque, le Procope accompagne la naissance des idées libérales grâce aux philosophes et aux lettrés qui le fréquentent.
Mais la popularité et les rassemblements auxquels les établissements donnent lieu inquiètent parfois les Puissants comme en Angleterre en 1676 : le procureur du roi Charles II ordonne la fermeture des cafés pour crimes de lèse-majesté. Mais la force des réactions suscitées par l'édit entraîne sa révocation.
En France, au 18ème, il existe 300 établissements de ce genre, le chiffre passe à 3000 en 1850
. En Angleterre, il y en a plus de 2000 dès 1700.
Expansion botanique du café
En France dès 1670, des botanistes tentent de planter du café sur leur territoire comme à Dijon, malheureusement c'est un échec.
C'est en 1714, au Jardin des plantes à Paris que voit le jour le premier caféier, l'ancêtre de tous les plants des colonies françaises
. Ils traversent l'Atlantique direction la Martinique et Saint-Domingue dans les bras de Gabriel Mathieu Desclieux, capitaine d'infanterie qui selon la légende, aurait volé des plants au Roi...
La culture du café dans les colonies anglaises est un échec
, les plants sont ravagés par la maladie et remplacés par des plantations de thé. Les Hollandais cultivent en Indonésie. Petit à petit, la carte actuelle du café se dessine :
1714 : Introduction en Guyane hollandaise
1716 : Martinique
1719 : De la Guyane hollandaise à la Guyane française
1720 : îles avoisinantes de la Martinique
1721 : Brésil
1723 : Philippines
1728 : Jamaïque
1750 : Guatemala
1779 : Costa Rica
1790 : Mexique
1825 : Hawaii
1878 : Kenya
1887 : Vietnam
1896 : Australie
Aujourd'hui, les plants de Coffea arabica, sont principalement cultivés sur le continent américain
(Amérique Centrale et du Sud, Caraïbes),
sur la côte Est de l'Afrique, et en Asie
(Inde, Papouasie, Nouvelle Guinée).
Le Coffea robusta n'apparaît qu'au début du 19ème, dans le bassin du Congo au Zaïre
. Il pousse à l'état sauvage dans presque toutes les forêts de la zone tropicale africaine. Il est, comme son nom l'indique, plus solide que l'arabica, et remplace dès 1877, les arabicas néerlandais d'Indonésie ravagés par la rouille. On trouve des caféiers dans 75 pays sur 4 continents étalés sur 11 millions d'hectares.